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Qu'il fait bon dans mon moulin
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7 décembre 2016

L'Histoire de Carthage – 3

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L'Histoire de Carthage (suite)  

Les ruines de Kart Hadasht

La ville de la période hellénistique était, d'après Tite-Live, entourée d'une enceinte fortifiée de 34 kilomètres de longueur. Il n'en reste que des blocs épars le long du front de mer et un fossé appartenant aux défenses extérieures qui barraient l'isthme à hauteur de Chott Bahira. Les deux lagunes qui s'étendent aujourd'hui parallèlement au rivage entre Douar ech Chott et Le Kram sont sans doute les vestiges des ports intérieurs ceints de portiques ioniques décrits par Appien. Le bassin rectangulaire qui débouche dans la baie du Kram occuperait l'emplacement du port de commerce, et le bassin circulaire entourant un îlot, celui du Cothôn ou port de guerre, au centre duquel se dressait le palais de l'Amirauté.

Au tophet de Salammbô, seul le niveau antérieur au IIIe siècle a subsisté ; il est formé de tertres truffés d'urnes contenant les cendres des enfants offerts en sacrifice et surmontés d'ex-voto, en forme de pilier funéraire ou de stèles à fronton triangulaire souvent flanqué de deux acrotères, ornées des emblèmes divins encadrés d'un décor floral ou architectural hellénisant. La couche supérieure a été bouleversée par les Romains, et les stèles arrachées de leur tertre, brisées, dispersées. Une chapelle de faubourg, détruite par l'incendie de 146 avant J-C, a été découverte sous la gare actuelle de Salammbô. Elle était décorée de colonnes en trompe l'œil alors fort à la mode et abritait des statues de divinités en terre cuite, alignées sur une banquette.

Les socles et les montants des trônes de ces simulacres étaient ornés de plaques de terre cuite estampées, représentant des sphinx et des Victoires tropéophores émergeant de buissons d'acanthe, de style alexandrin. Des plaques de terre cuite analogues ont été aussi exhumées dans un sanctuaire domestique attenant à une villa située à Amilcar et dans la favissa où se trouvaient entassés des brûle-parfum et des bustes de Déméter provenant du temple de cette déesse sans doute. Sur les premières, on voit des Victoires ailées, un masque de Gorgone, Scylla et une procession dionysiaque, sur les autres une naissance d'Aphrodite et des Amours ailés.

Sur la colline de Byrsa, les restes de maisons puniques détruites lors du siège de 146 avant J-C, des fragments de frises ou de corniches de céramique rehaussées de couleurs vives, des colonnettes tapissées de stuc laissent à penser que ces riches demeures ne différaient guère de celles des autres cités méditerranéennes de l'époque, si ce n'est par un goût assez prononcé pour les décors égyptisants. Les cimetières de la fin du IVe siècle et du IIIè ont livré de magnifiques sarcophages en marbre. Les uns portent sur leur couvercle l'effigie d'un homme barbu, la tête posée sur un coussin selon la mode étrusque, et tenant une lampe ou une cassolette ; le plus remarquable est orné d'un simulacre de Tanit, coiffée de la dépouille de l'épervier et drapée dans les ailes repliées de l'oiseau ; certains ont la forme d'un temple grec, au toit à double pente ; les frontons sont peints de motifs divers, Scylla, griffons affrontés, les bandeaux latéraux de rinceaux horizontaux encadrant une tête humaine.

À l'époque des guerres puniques, les Carthaginois se faisaient souvent incinérer ; leurs restes étaient alors déposés dans des coffrets en calcaire, tandis qu'une stèle creusée d'une niche abritant un portrait fort schématique du défunt ou une statue grossière se dressait au-dessus de la tombe.

 

2. Carthageromaine

La reconstruction de la ville : Les institutions

En 123 avant J-C, le tribun Caius Gracchus fait voter la création à Carthage d'une colonie romaine. Le projet, violemment combattu par les oligarques, avorte aussitôt. Il est repris par Jules César, mais celui-ci ne put le réaliser avant son assassinat. C'est seulement en 44 avant J.-C. que les triumvirs, exécutant les volontés du dictateur, installent une colonie qui occupe non l'emplacement de l'ancienne ville punique, mais la zone située au nord-ouest, autour du village arabe de La Malga. Après des vicissitudes résultant des guerres civiles, Octave renforce cette colonie par un nouveau contingent de trois mille familles en 29 avant J.-C. Il fait alors recouvrir le sol maudit en 146 avant J-C par une cadastration régulière dans laquelle s'inscrivent maisons et édifices publics ; le centre de cette cadastration se trouve sur l'actuelle colline de Byrsa, au chevet de la cathédrale ; elle a la forme d'un carré de 1 400 mètres de côté, avec un angle battu du côté nord-ouest correspondant à l'emplacement de la colonie césarienne.
Cette colonie possédait un vaste territoire aux limites d'ailleurs mal connues. On sait qu'il comprenait des pagi ou cantons, situés dans l'ouest de la Tunisie actuelle, dans la région de Dougga, à 100 kilomètres de Carthage. Il est possible que cet immense domaine ait été d'un seul tenant : s'y inséraient des terres laissées aux cités indigènes, des latifundia appartenant à l'empereur et aux sénateurs romains et même le territoire d'autres colonies moins importantes. Théoriquement, le sol de Carthage restait propriété publique du peuple romain. Les traces de cette fiction juridique ne disparurent qu'avec Septime Sévère, qui conféra aux Carthaginois le jus italicum comportant pleine propriété de leurs terres.

Les institutions de la Colonia Julia Karthago étaient, comme celles de toutes les colonies romaines, calquées sur celles de la République romaine. L'assemblée des citoyens élit annuellement les magistrats, dont les principaux sont les duumvirs. Les magistrats et anciens magistrats forment le sénat municipal ou ordo. En outre, Carthage est la résidence du proconsul, gouverneur de la province d'Afrique, toujours pris parmi les sénateurs romains parvenus au sommet de la hiérarchie ; il est assisté de légats. Le procureur gère les intérêts financiers de l'empereur ; il est le second personnage de la province. L'un et l'autre sont assistés d'un nombreux personnel administratif, les officiales, en majorité esclaves ou affranchis, dont on a retrouvé les tombeaux. Carthage est également le siège du conseil provincial - composé de délégués de toutes les cités africaines -, qui choisit chaque année le prêtre du culte impérial.

Très vite, les descendants des colons italiens se fondent avec les Africains qui accèdent de plus en plus nombreux au droit de cité romain. S'y ajoutent en assez grand nombre des immigrés venus de l'intérieur de l'Afrique et de toutes les régions de l'Empire. Le chiffre de la population est impossible à apprécier exactement. Les Anciens nous disent seulement que Carthage était la deuxième agglomération de l'Occident après Rome, et qu'elle ne le cédait guère aux principales villes d'Orient. Or Rome a compté au moins 500 000 habitants et probablement un million ; Alexandrie et Antioche en avaient plusieurs centaines de milliers. Le chiffre de 300 000 Carthaginois peut être considéré comme raisonnable.
Les édifices publics et privés de la Carthage augustéenne ont été presque tous détruits lors de reconstructions massives, dont les plus importantes se situent dans la seconde moitié du IIè siècle et au IVè. Très rares sont les murs en opus reticulatum, les mosaïques simples qui peuvent remonter au début de l'ère chrétienne. Même les sculptures datables sont en très grande majorité d'époque antonine ou sévérienne. Font exception : l'autel de la gens Augusta, dédié vers la fin du règne d'Auguste, et un relief représentant Mars Ultor et Vénus Genitrix (musée d'Alger).

Une histoire mouvementée

L'histoire de Carthage aux deux premiers siècles est fort paisible. En 70, dans la guerre civile qui suit la chute de Néron, le proconsul Pison tente de sefaire proclamer empereur, mais son complot échoue. Sous le règne de Commode et le proconsulat de Pertinax (180 après J.-C.), les prophètes qui hantent le temple de Caelestis et qu'on appelle les « chiens de la déesse » provoquent de l'agitation, probablement pour protester contre la romanisation du culte. Le premier événement politique vraiment grave survient en 238 ; le proconsul Gordien ayant été proclamé empereur par les Thysdritains, Carthage - ainsi que l'Assemblée des villes de Proconsulaire -, prend fait et cause pour lui, contre Maximin le Thrace.

La légion IIIè Augusta, commandée par Capellien, fidèle à Maximin, bat les milices des cités et ravage la ville. Cette dévastation est toutefois moins grave que celle qui résulte en 311 de l'usurpation de Domitius Alexander. L'Afrique est alors dans l'obédience de Maxence, en même temps que l'Italie. Le vicaire d'Afrique se fait proclamer empereur ; il semble appuyé par des éléments sécessionnistes, ou du moins désireux de supprimer l'exportation du blé d'Afrique en direction de Rome. Les docks du port où ce blé était entreposé sont détruits. Maxence envoie une expédition punitive qui anéantit en grande partie la ville. Mais, peu de temps après, il est vaincu et tué par Constantin. Carthage est somptueusement rebâtie.

Les ruines de la Carthage impériale, les thermes

Les vestiges les plus impressionnants de la Carthage impériale sont ceux des thermes d'Antonin, construits sur l'ordre de cet empereur, entre 145 et 162, au nord de la ville, le long du rivage. Leurs dimensions colossales (près de 300 m de long), la somptuosité de leur décor les classent parmi les plus remarquables des thermes impériaux. Un axe perpendiculaire à la mer sépare l'édifice en deux parties symétriques. On entrait par les faces latérales. Les bains se trouvaient à l'étage. Ils s'ordonnaient autour d'une immense salle centrale, aux voûtes soutenues par douze colonnes jumelées de granit gris, couronnées de chapiteaux corinthiens en marbre blanc, de plus de douze mètres de hauteur, et à laquelle on accédait en traversant vestibules et palestres.

Les piscines froides sont à l'est ; un portique ouvert sur le golfe les borde ; les bains chauds, à l'ouest, comprennent un caldarium de plan rectangulaire fermé par deux absides semi-circulaires et situé entre deux salles polygonales. On ne voit plus aujourd'hui que le rez-de-chaussée des thermes et le sol des piscines : au centre et à l'est, les salles à pilastres, arasées ou ayant conservé leurs voûtes qui soutenaient les palestres et la salle centrale ; à l'ouest, les salles polygonales à double voûte circulaire portée par un pilier central et des piliers rayonnants, séparées par des magasins voûtés qui portaient les bains chauds. Ces pièces étaient encombrées de blocs provenant des voûtes de l'étage (l'un d'eux est recouvert d'une mosaïque à cubes de verre polychrome), d'éléments de sols pavés de mosaïque noire et blanche (encadrant des tableaux polychromes), de fûts de colonnes de porphyre ou de marbre de Chemtou vert et rose, de chapiteaux historiés (chapiteau aux anguipèdes, à la tête de Caelestis, à la chouette), de débris de statues (dont les portraits des empereurs Antonin le Pieux et Caracalla, des impératrices Livie et Faustine, et deux hermès ou statues piliers représentant l'une un Berbère, l'autre un Nègre).

Une vaste esplanade entoure les thermes sur les trois côtés terrestres ; elle est bordée de salles de réunion richement décorées de stucs, de fontaines, de statues (on y a exhumé un magnifique portrait de Constance II), de latrines semi-circulaires. Le forum devait se trouver près des thermes, au sud, à l'emplacement de l'ancien palais beylical.

(A suivre)

Selon : http://www.harissa.com/news/article/histoire-de-carthage

 

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