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Qu'il fait bon dans mon moulin
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29 janvier 2021

Voyage en Tunisie : Gammarthe 3ème et 4ème jour

Osnath à Gammarthe

Troisième jour  vendredi soir 9 mai 2009 et le lendemain  samedi

 Nous entrons à la salle à manger pour la réception du Shabbat et là nous avons une surprise. Un groupe sportif de passage à l’hôtel Phébus organise une entrée dansante en habits traditionnels, avec musique et darbouka en notre honneur, un vrai plaisir. Nous sommes captivés par les couleurs des tuniques, la musique et la danse. Quelques hôtes  se mêlent aux danseurs et font des pas claquant leurs talons  en ondulant le ventre. Des touristes prennent des photos. Cette cérémonie dure une demi-heure. Nous les remercions chaudement, nous n’avons pas été préparés à une pareille attention amicale.

A table on me demande d’effectuer le kiddoush*en tant qu’aîné. Je ne m’étais pas aperçu que les autres étaient de peu ou de prou plus jeunes que moi. Le repas est bon et l’ambiance dépasse nos désirs. Mets tunisiens traditionnels, couscous, marka* appropriée, boulettes, pain maison, salades terchi*, variantes et divers. Chacun paie sa boisson, mais c’est le cas de le dire, Victor a pensé au vin Casher et il en a apporté suffisamment de bouteilles pour chaque samedi.

Nous mangeons de bon appétit et n’oublions pas de bénir le Seigneur pou tout le bien qu’il nous offre au jour le jour.

Nous terminons notre soirée au salon à bavarder pendant un long moment et entrons nous coucher chacun dans sa chambre.

 

danse

 

Le matin nous trouve à huit heures devant un petit déjeuner copieux. Le breakfast continental en Tunisie est abondant, œufs durs ou omelettes, confitures, fromages, salades, sardines en conserve, poissons salés, thon, halva, pain et boissons  variées et bien d’autres aliments.

Nous descendons Osnath et moi faire un tour à la plage. La mer à Gammarthe a des nuances de bleue et de vert. En y ajoutant des petites vagues se brisant dans une mousse blanche étincelante sous les rayons du soleil lui donnant maints coloris, c’est un plaisir pour les peintres. Nous rencontrons un chamelier qui nous propose de monter à dos de chameau pour une promenade sur le sable le long de la côte.

A quelques pas de lui on marchand ambulant nous exhibe sa marchandise, des perles, bracelets, pierres chatoyantes, des colliers et bien d’autres ornements.   Allez voir qui a donné à ce farfelu l’idée de monter un commerce minuscule dans cet endroit si peu fréquenté.  

A onze plombes nous nous présentons à la salle à manger pour faire le second kiddoush. Il s’avère qu’une bonne partie de nos amis sont partis à Tunis lécher les vitrines. Nous repoussons le repas à plus tard et nous profitons de ce moment libre pour papoter.  Je rappelle à Victor son émotion de la veille et il nous en fait le récit de nouveau.  A un moment donné son épouse Pnina (Perle) dit avoir vécu son enfance à Dimona.

« Mon père tenait une épicerie dans cette ville. »

« Nous y habitions aussi, quel est le nom de ton papa » ?

« Boukobza ».

« Je le connais, il se coiffait d’un béret éternel. Il était membre actif de notre synagogue».

« Ah ! Tu le connais ? Comme le monde est petit »!

« Pnina, je connais ton frère Haïm Ben Hur (Haïm a changé de nom en arrivant en Israël. Il était le professeur de ma fille Ofra ».

« De surprise en surprise. Je n’en reviens pas ».

Ma fille Osnath ajoute son grain de sel :

« Ton second frère Yéhouda était mon directeur de Lycée ».

Tant de coïncidences laissent Pnina ébahie. Nous lui apportons de l’eau. Elle se remet très lentement de ses émotions.

« Mon frère Yéhouda est aujourd’hui directeur de l’Institut Vulcan. Il fait des recherches.

Victor me demande de quelle ville de Tunisie je viens.

« Je suis de Sfax. Je t’ai entendu dire que tu habitais Gabès dans le temps » ?

« Oui nous avons loué la maison qu’ont quitté les Labi ».

« Tu parles de Jonas Labi ? C’était l’ami de mon oncle Meyer. Lui et sa famille étaient ses voisins aussi. Son fils et sa fille font partie de notre groupe ».

« Dis moi Camus, je cherche à me souvenir du nom de ma rue, si ton oncle y habitait, tu pourrais sans doute me renseigner » ?

« Mon oncle demeurait 54 Rue Jeanne. Vous étiez contigus, habitant trois maisons avant, disons le 50 ».

« Oui c’est çà, Rue Jeanne. Mais c’était un nom composé ».

« Rue Jeanne Prolongée. On la nomme ainsi parce que le Petit Jardin sépare la Rue en deux. Il y a donc Rue Jeanne et Rue Jeanne Prolongée ».

C’est au tour de Victor de demander à boire. Il se verse une rasade d’eau de vie Boukobza. Avec toutes ces émotions, il va s’habituer à la boisson forte, ma parole.

Mes amis, mes très mignons, la vie est faite de coïncidences de ce genre. C’est ce qu’il y a de beau sous ce beau soleil.

« Rue Jeanne Prolongée. Je me doutais que le nom est Jeanne, mais durant des années j’ai essayé de me souvenir de ce mot : Prolongée »….  

 

Dromadaire

 

Nous passons la soirée dans une boite de nuit, une hafla soirée a été organisée, entrée libre mais boissons payantes. Nous passons ainsi des heures à bavarder et à regarder les danseuses rouler leurs hanches, un moment de détente.

Aïcha est notre favorite porte un nom tunisien mais n’est pas de Tunisie, elle est originaire de La Sicile voisine, dont le mode de vie est proche, les dictons ressemblant et bien de Siciliens parlent l’arabe magrébin. Elle commence sa chorégraphie à petits pas calculés à la cadence de la musique orientale et à au fur-et-à-mesure que le rythme monte les mouvements se font plus rapides. Son buste ne bouge pas, ni ses bras, seules sa poitrine opère une suite de rondes ondulantes, imitant le roulement du serpent. Nous applaudissons, les seins s’immobilisent pour laisser le ventre jouer, elle court quelques foulées en tournant, ses yeux nous hypnotisent. Nous attendons le reste, les musiciens donnent le ton et là, Aïcha se donne toute entière à son art, celui de nous éblouir. Cette danse est reconnue comme la plus antique du monde et est souvent désignée à tort comme étant la danse du ventre. C'est probablement la danse la plus mal comprise. Le mot " danse du ventre" en effet n'existe pas dans la langue arabe – "Al raqs Sharqui" signifie simplement : danse orientale!

Sur les vagues ondulantes et la mesure  de la musique orientale la partie supérieure du corps, les bras, le bassin et le ventre de la danseuse se balancent comme un tout sur la scène. Cela produit un effet qui séduit et surtout provoque la joie de vivre.

En plus des vagues ondulantes on y trouve le cercle et les huit aspects classiques de base de la danse. Ces mouvements sont aussi dévoilés isolement :
Seul le bassin, le haut du corps ou la tête bougent, ou chaque élément séparément, le reste du corps reste immobile. Le roulement de tambour accompagne et accentue de façon de plus en plus forte ces mouvements intensifs. Mais la caractéristique principale de la danse orientale reste les mouvements de va et vient du bassin qui va jusqu'au frémissement.  Un tremblement qui est encore accentué par les brides de l'habit. Les pirouettes et les pas de danses pour remplir l'espace ont été ajoutés au fil des siècles.

Nous rentrons à quatre heures pour dormir jusqu’à huit. Une journée bien remplie nous attend…

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