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Qu'il fait bon dans mon moulin
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25 août 2015

Le coiffeur de caniches : Bombe Azure (Bomba Zur)

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Le coiffeur de caniches : Bombe Azure (Bomba Zur)

 Je vous jure que cette histoire n'est pas vraie, néanmoins si vous voulez croire qu'elle l'est, vous en aurez pour vos frais, mais si vous pensez qu'elle ne l'est pas, j'en serais désolé.

La Grande Rue de l'ancienne ville de Beersheba a pour nom K.K.L. Oui vous avez bien entendu, K.K.L. Ce sont les initiales de Keren Kayemet Lé-Israël.

Aujourd'hui cette voie est transformée en promenade : voilà pourquoi je suis là,  j'ai donné rendez-vous à mes frères, dans cette avenue, afin d’aller ensemble à une circoncision qui devrait avoir lieu cet après-midi. Arrivé le premier j'attends, comme dirait La Palisse. La-Palissons donc !  

Dans cette allée les commerçants vous proposent leur article. Plusieurs enseignes attirent mon attention : n'ayant rien d'autre à faire,  je les lis.

Voici une perle en Judéo-arabe :

Koulou foulou ta'a Loulou, mangez les fèves de Loulou.

Ou en français :

Casse-croûte au thon, chez Gaston.

Ou bien une proposition alléchante : Mangez une entrecôte, chez Charlotte

Mais à part les gargotes, il y a aussi des débits de tabac. Alors on peut :

Acheter des cigares, chez Richard.
Des cigarettes, chez Antoinette.  Des pipes, chez Philippe. 

Après les guinguettes, on trouve les salons de coiffure. Un coiffeur a placé à la devanture une pancarte sur laquelle je déchiffre :

Hirsute ou brosse chez le boss, Bombe Azure.

Bombe Azure ? Quel nom ! Ma parole ! Je regarde la vitrine de la dite boutique, il n'y a pas grand-chose a voir, à part des shampooings, de la mousse pour les barbes et autres marchandises qu'on trouve chez tous les coiffeurs. Mais faute d'autre occupation, je reste là, plongé dans ma contemplation, tantôt admirant les produits de l'exposition, tantôt relisant l'écriteau : Bombe Azure, ah ! quel nom !

Le bonhomme ainsi nommé est de petite taille, trapu, rehaussé d’une tête bien grande pour sa hauteur. Il est justement en train de terminer la coiffure d'un jeune homme, en se soulevant parfois sur la pointe des pieds.

Sur ces entrefaites, arrive un caniche qui s'arrêtant devant moi, remue sa queue. Je l'observe, il me scrute, je le contemple, il me considère. Je tire ma langue, il sort la sienne, bien rose. Le barbier sort de son magasin et propose :

- On lui fait une beauté ?

- Faites lui une belle allure, je réponds.

- Que dites-vous, continue le capilliculteur, si on lui arrange une crinière de lion, avec des manchettes aux pattes ?  

- Soit pour un lion ! Je réplique.

Le spécialiste de la chevelure humaine ou canine se met au travail, il place le petit carnivore sur un siège, et coupe les poils avec dextérité. Je l'admire, lui-même est émerveillé, le chien lui ne semble pas du tout s'amuser. Au bout d'un moment assez long, l'ouvrage est terminé. Le perruquier me tend la main :

- Vous me devez cinquante shékels annonce-t-il triomphalement.

- Cinquante shékels ? (dix euros) Cela m'étonne. Pourquoi ?

- Vous êtes dingue ? Ah ! Oui ! Et la coiffe, c'est des pierres ?

- Mais ce n'est pas mon chien !

Juste à ce moment mes frères arrivent : Vivi (Nathan), Viviane et Freddy. Ils s'intéressent à la raison de l'esclandre.

- Il se trouve que ce monsieur vient de pratiquer ses talents de couper chaque cheveu en quatre sur la tête du chiot, et il me demande de payer cinquante shékels.

- It a'lem el ahjama ala riass el itama, riposte Freddy, dont le vocabulaire est riche en maximes tunisiennes : Il apprend à coiffer sur la tête des orphelins.

- Ce n'est pas sa bête, ajoute Nathan.

- Ô que non ! Se fâche Viviane.

Une discussion s'engage, à haute voix et on ne s'entend plus, jusqu'au moment ou arrive un policier, l'agent de police du quartier.

- Venez avec moi, ordonne-t-il !

Nous le suivons au commissariat de police, lui en avant et nous derrière, par ordre de taille :

D'abord le chien, après c'est Bombe Azure, ensuite Nathan, puis Viviane, moi ensuite et Freddy ferme le rang, étant le plus haut de taille.

Le commissaire nous écoute, d'abord Bombe Azure, moi ensuite et il décide enfin :

- Paye lui dix euros et qu'on en finisse. Je connais ce petit coco, il est de mauvaise foi, mais il est capable de t'attenter en justice. Alors tu devras expliquer au juge que si tu ne possèdes pas de chien, pourquoi ne pas l'avoir dit depuis le début.

- Monsieur l'officier de police, si je lui paye, une autre fois il voudra coiffer un cheval à la mode des éléphants, et il viendra me demander deux cent cinquante shékels .

En fin de compte, je fais les frais de cette aventure, en souriant.

Ce chien retournera chez son propriétaire, avec une allure de lion et avec des manchettes aux pattes. Je voudrais voir la tête du type quand il se demandera :

- Mais comment ce petit malin à quatre membres s'est-il débrouillé pour payer cinquante shékels au coiffeur.

A la fête  qui suit la circoncision ma bonne humeur contamine toute la table, Freddy, Nathan et les autres. Une bouteille de vin se vide, une autre aussi et une troisième. Tant et si bien que notre compagnie de la table ronde a droit au prix du maitre d'hôtel :  une Boukha Boukhobsa et une paire de boutargue. En plus le prix du D.J. Jacob Cohen : une coiffure à la mode chez Bombe Azure pour chacun des attablés.

De très bonne humeur nous allons tous - une douzaine de personnes -, par ordre de taille du plus petit au plus grand, chez Bombe Azure, nos tickets à la main. Ses prunelles s'écarquillent quand nous apparaissons. Il ouvre très grande sa bouche. Il ne pensait pas nous revoir si vite et avec du renfort encore.

A la mémoire de l’acteur Bomba Zur qui a si bien interprété ce sketch amusant en 1975; il me semble entendre encore sa voix.  

 

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Commentaires
I
Je t'assure que l'histoire n'est pas vraie : Bomba Zur l'a raconté en 1975 et je l'ai adapté à la grande Rue de Beer Sheva. Bomba Zur, il n'avait son pareil...
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D
excellent !<br /> <br /> et il t'as fait quelle coupe ?
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